QUOI FAIRE POUR LES DIX PROCHAINES ANNÉES 2021 – 2031

LE LEADERSHIP ET LA GOUVERNANCE « La jeunesse tunisienne doit refuser les discours creux de « l’inclusion des jeunes »

La pandémie Covid 19, en plus de la mauvaise gestion des affaires de l’Etat étalées sur une période de 10 ans, sont indéniablement deux periodes sans précédent pour la Tunisie qui ont eu des répercussions majeures socio-économiques. Ces 2 crises représentent une opportunité pour sonder la volonté et la capacité d’une jeunesse déterminée à travailler, à innover, à collaborer et aider à ralentir les effets dévastateurs sur des secteurs vitaux comme le tourisme, l’éducation, l’agriculture et le système de santé. La rapidité avec laquelle notre pays est capable de développer une résilience, une agilité et une adaptabilité à ces « désastres », dépend de la contribution de nos jeunes au changement et à l’innovation pour trouver des solutions durables au-delà de la technologie, en exerçant le même enthousiasme et la même philosophie adoptés lors de la transformation numérique pour une transformation sociale et politique.

La propagation de la pandémie, a obligé le gouvernement à revoir ses priorités et mettre en veille ses programmes de développement pour faire face aux urgences sanitaires et économiques imposées par la crise. Le taux de chômage a atteint les 35% dans certaines régions du pays avec une accentuation des inégalités existantes, la détérioration de la qualité de vie et un taux de pauvreté galopant, ont entrainé une amplification des troubles sociaux et une exacerbation de la détresse de beaucoup jeunes qui choisissent d’aller chercher le rêve sur l’autre rive de la Méditerranée que de se projeter dans leur propre pays.

COVID-19 et 10 ans de TRANSITION DEMOCRATIQUE, un mal pour un bien?

Au cours des dernières années, alors que l’économie tunisienne peinait à absorber les milliers d’étudiants diplômés dans son giron, beaucoup se sont tournés vers l’entrepreneuriat pour innover et naviguer dans l’incertitude et la complexité de la vie après la révolution. Ils ont placé la Tunisie dans le débat de l’entrepreneuriat mondial et ont dessiné de nouvelles perspectives d’espoir pour plein de jeunes. De nouvelles technologies et de nouveaux outils pour contrer la propagation rapide du covid 19 ont été mis au point par des jeunes tunisiens ont contribué largement à aider l’Etat et les entreprises privées à surmonter la crise. Nous avons vu des robots qui circulaient dans les rues pour rappeler aux citoyens de porter des masques, de nouvelles technologies aidant le personnel de santé à identifier les sources de contamination virale et des applications de suivi des voyageurs dont le test était positif à leur arrivée dans le pays, pour n’en citer que quelques-unes. COVID 19 a, malgré tout, été une chance pour les jeunes tunisiens. Il a servi à élever leur engagement pour le changement au-delà de la pandémie et de renforcer leur participation à l’élaboration des réponses sociales et politiques de l’avenir. Les temps de défis extrêmes et d’incertitude ont historiquement produit des changements radicaux et irréversibles dans la dynamique du leadership et du pouvoir en améliorant la gouvernance des institutions et des sociétés. Pour les jeunes tunisiens, leur inclusion au leadership ne doit pas rester à la merci des invitations que le pouvoir en place veuille bien leur adresser. Ils devront exiger des changements et, dans certains cas, imposer vigoureusement une bonne gouvernance par la détermination, l’organisation, le leadership et la persévérance. Si les jeunes de mon pays veulent saisir les opportunités de leadership dans la transformation sociale et politique, ils devront reconnaître l’importance de la gouvernance dans la bonne gestion des affaires sociales et politiques. Ils doivent comprendre que la gouvernance est au cœur de l’allocation et de la distribution des ressources, avec des implications importantes pour la stabilité sociale et politique. COVID 19 nous a frappé à un moment où une grande partie de notre infrastructure de soins de santé était délabrée, sous-financée et mal gérée. Par conséquent, bon nombre des services de santé étaient médiocres et ce, même au tout début de la pandémie. Aujourd’hui, nous assistons à une propagation rapide du virus parmi les communautés pauvres, et cela en dépit des centaines de millions de dinars collectés grâce à des contributions caritatives, mais qui restent sous-exploités et mal gérés à cause d’une bureaucratie asphyxiante et d’un manque de planification et de gouvernance. J’appelle nos jeunes à être attentifs à ces défis de gouvernance, à se lever et à se mobiliser pour optimiser la gestion de nos ressources. J’appelle nos jeunes à combler le gouffre entre nos dirigeants politiques et les citoyens. J’appelle nos jeunes à travailler avec la même vigueur et la même persévérance pour instaurer une gouvernance sociale et politique de la même manière qu’ils se sont mobilisés pour innover et collaborer lors de la première vague de Covid 19. J’appelle nos jeunes à voir les avantages à long terme pour reconstruire le tissu social et politique qui reflète la valeur travail, comme ils le feraient en participant à leurs projets personnels. L’engagement des jeunes doit aller au-delà de l’entrepreneuriat social et de la société civile, et ne doit pas se limiter à des initiatives individuelles ou lucratives. La jeunesse tunisienne doit refuser les discours creux de « l’inclusion des jeunes » prononcés par des élites politiques rouillées, et saisir l’opportunité pour intensifier son engagement à la transformation sociale au même titre que la transformation numérique. Je suis persuadé que les efforts des jeunes en Tunisie en matière d’entrepreneuriat ne seront durables que s’ils sont accompagnés d’un engagement réel dans les sphères sociales et politiques où ils auront la possibilité de transformer directement les habitudes et les dynamiques à travers une bonne gouvernance et un leadership efficace. Lotfi Saibi

LEADERSHIP BY FEAR – A CASE STUDY OF TRUMP AND HITLER

How can two men, with no regard for humanity, who lack(ed) compassion, have such an imprint on history? What binds these two personalities together?

With less than 3 weeks before the next US presidential elections, I thought I shed some light on the style of political leadership of D. Trump and A. Hitler, why and how they have succeeded in persuading so many of their followers to do the unthinkable and believe the improbable.

I am talking about two political leaders, both elected to office (although neither by a majority), both elected to office in the middle of their countries’ internal struggle and search for economic and social equilibrium, and who quickly attracted the attention of a world community dealing social volatility. They are Donald Trump and Adolf Hitler, whose memorable message to their constituents was “MAKE AMERICA/GERMANY GREAT AGAIN”.

They are insecure individuals who privately suffered from lack of self esteem, and who loved being the center of attention. Both leaders were fans of mass manipulation and control of public opinion using the available technologies and press services to further spread their demagoguery. Hitler, upon arrival to office in 1933 used radio, press and newsreel to warn of the presence of too many ethnic groups he considered a danger to the Aryan race. Trump’s strategy is identical, except he is doing it himself through social media telling conservative white Middle America that their future is in jeopardy if “rapist, drug lords and killer gangs continued to migrate to the USA”.

Both leaders possess over sized egos that prohibited them from considering the views of their associates and partners and believed that those of different religions, ethnic minorities and people of color are not as entitled to the same rights. Hitler treated Jews like animals and predators. Donald Trump thought immigrants were responsible for spreading disease and suspected them of wanting to take over America. They were proponents of stricter border controls and strongly fought for erecting walls to keep “parasites” out. They were authoritarians who had no regard for the law of the land and exhibited total disrespect for the free press. They were hypocrites who degraded their adversaries and called their political opponents mental midgets.

Two leaders accused of mass murder, each in his own way – one for gassing people alive; the other for committing mass genocide, on his own people, by ignoring a deadly pandemic.

Finally, when we look at Trump’s use of Federal agents to arrest, harass, and imprison protesters in Oregon, we are sadly reminded of Hitler’s use of his secret police, the Gestapo, in 1934. Hitler was an evil dictator and like him, “Trump is pretentious, ill-tempered, belligerent, grossly disrespectful and a liar”. He foments chaos, violence and encourages civil discord like Hitler did. Hitler attacked and undermined the judicial system and the electoral process. So has Trump while the US Congress was investigating Russia’s meddling in the 2016 presidential elections, as well as the NY supreme court when he was investigated for alleged tax evasion.

Even before the outcome of the 2016 presidential election Trump warned it was rigged, not ever thinking he would ever beat Hillary Clinton. He is doing the same thing ahead of the November 2020 election by undermining the mail-in voting system and asking his supporters to harass voters.

Interesting to notice that both leaders were the center of many rumors of their private romantic/sexual lives and cared little about destroying those with whom they had relations (topic for another time)

*This article is strictly for the purposes of comparing leadership styles and is not meant to condone or condemn either individual mentioned within.

Le Capitaine Smith, le seul leader incontesté que la Tunisie connaisse depuis 2011

Cet article est paru pour la première fois en novembre 2012 sur http://www.leaders.com.tn/article/8861-un-titanic-made-in-tunisia

…Alors que chaque jour s’enfuit, j’ai l’impression d’être devant un navire coincé dans les eaux profondes de l’océan. Et j’observe  nos dirigeants, et les vois faire tout sauf tenter de s’en sortir, et mon espoir se transforme lentement en peur et en incertitude.

La Tunisie ressemble de plus en plus au navire insubmersible qu’était le Titanic. En 1912, le monde entier le pensait trop grand, trop rapide et trop avancé technologiquement pour couler. Il en était de même pour notre révolution, les présidents et les nations se sont levés et ont applaudi. Dans mon université de Harvard, il y a eu une “standing ovation” au milieu de sa célèbre place Harvard. Aujourd’hui, nous avons presque honte de la politique de nos leaders et de l’image qu’ils nous attribuent aux yeux du monde entier.

Il y a exactement 100 ans, le navire insubmersible n’a pas coulé à cause d’une mauvaise stratégie, d’une mauvaise technologie, ou des eaux difficiles. Il a coulé parce que son capitaine se reposait trop sur tout, sauf sur ses proches et son équipe. Il n’a pas tenu compte de ses limites, des compétences de son équipe, et n’a fait aucune préparation regardant les problèmes qui pourraient se poser lors du voyage. Mais surtout, en apprenant que le navire avait heurté l’iceberg, il n’a pas su quoi faire, ce qui a coûté  la vie à un très grand nombre de personnes.

Nos dirigeants d’aujourd’hui, et je veux le dire clairement, dans le gouvernement d’abord et dans l’opposition ensuite, ne sont pas différents du capitaine Smith. Ils n’ont pas les compétences pour naviguer en eaux difficiles. Ils n’ont pas le bons sens d’inclure les autres dans les prises de décision, ni l’empathie pour communiquer avec ceux qui leur faisaient confiance pour les mener à bon port.

C’est décourageant, attristant, et démoralisant de voir le parti au pouvoir tout faire pour consolider sa position, construire sa base, et se fortifier en vue de maintenir sa position sur le long terme. Pratique courante pour n’importe quel parti au pouvoir, certes; mais dans notre cas, elle se fait aux dépends de la population et du peuple pauvre auquel le parti avait promis de l’aide. Chaque aspect de nos vies a empiré depuis le 14 Janvier, et l’avenir dans les mains de ce parti est sombre au mieux.

Il est tout aussi décevant de voir des partis d’opposition s’engager dans des querelles et luttes de pouvoir internes, alors qu’aucun d’entre eux ne s’est présenté pour être un concurrent viable dans les prochaines élections.

Nous, le peuple Tunisien, sommes les véritables perdants dans tout cela !  Quelles possibilités avons-nous ? Comment pouvons-nous obliger les dirigeants à répondre à nos besoins au lieu des leurs ? Avons-nous le temps de changer les règles du jeu quelques mois seulement avant les prochaines élections ? Devons-nous tout simplement abandonner ces élections et se concentrer sur celles qui auront lieu dans cinq ans ?

Je suis d’avis que ni le parti actuellement au pouvoir, ni l’opposition ne peuvent nous mener seuls sains et saufs au rivage. Qu’est-il arrivé à « tous pour un et un pour tous»? Des promesses n’ont-elles pas été faites, et un serment prêté devant Dieu ?

Je suis convaincu que la seule solution que nous ayons est de nous réunir autour d’un objectif commun appelé « Tunisie ». Rien n’est plus important, ni plus valeureux que notre avenir et celui de nos enfants. Martin Luther King Jr a dit une fois : « Ne nous laissons nous pas plaire dans la vallée du désespoir. Nous  ferons face aux difficultés d’aujourd’hui et de demain, et je continuerai toujours à avoir un rêve », et je persisterai à avoir ce rêve d’une Tunisie meilleure, prospère, libre et démocratique.

AUCUN LEADER – TOUT SEUL – NE POURRAIT SAUVER LA TUNISIE – SEULS LES TUNISIENS PEUVENT FAIRE CELA

La « nouvelle » Tunisie ne peut davantage s’épanouir sous la direction d’une seule personne, quelle que soit sa grandeur.

Bien que les Tunisiens aient achevé la première phase de leur transition démocratique, là où bien d’autres nations arabes ont échoué, le chemin vers les futurs radieux qu’ils se sont promis reste encore long et périlleux. Les raisons de ce progrès chancelant sont nombreuses, et dépendent toutes d’une même donnée : l’absence d’un leadership, à tous niveaux – politique, économique et même social -, au sein du gouvernement, des partis, de la société civile comme des organisations indépendantes, qui permette de concevoir, d’organiser, de rassembler, de débattre, mais également de se procurer le courage de rompre avec le passé afin de prendre les bonnes décisions.

En dépit de cette « révolution » et de quelques avancées vers la démocratie, les citoyens aussi bien que les politiques s’enlisent dans les modes de pensées et d’actions de l’avant-2011. Il semble évident que nos leaders actuels ne sont pas ceux que l’on attendait, et certainement pas ceux qui pourront nous conduire vers cette « Terre Promise » démocratique. Et nous ne pourrons, à mon avis, commencer à penser un leadership de qualité, que si nous comprenons le contexte qui a mené à la situation actuelle, déterminée par trois principaux facteurs. Qu’il nous faudra analyser et détricoter, pour ne pas continuer à nager dans la médiocrité, entre souvenir d’hier et espoirs de demain.

1. Barrières culturelles

Depuis une soixantaine d’années, nos dirigeants se contentent d’adhérer à ce que l’on appelle le « contrat social ». Ils fournissent des emplois, des aides et des services subventionnés, comme la santé, l’éducation, l’énergie ou l’alimentation, aux citoyens, qui, en retour, acceptent de leur témoigner un soupçon de loyauté, voire de l’adhésion ou même de la soumission. Voici ce qui a scellé notre coexistence et garanti le statu quo ces soixante dernières années, mais également permis aux dirigeants de ne jamais avoir à échafauder de vision globale, tenir des promesses de campagne, ou écouter  les gens et chercher les réponses à leurs questions…

Pendant soixante ans, ceux-là n’ont jamais connu la concurrence ; il leur suffisait de plaire à l’autorité supérieure, à défaut de représenter leur peuple, à qui le système éducatif n’avait de toute manière pas pris la peine d’enseigner le leadership, en tant que science humaine et sociale. Il était dès lors simple de convaincre les jeunes gens que ce leadership était une sorte de récompense pour service rendu à un supérieur. Ce qui entraina ainsi népotisme, favoritisme et corruption – à la place de la méritocratie.

Résultat : aucun de nos leaders potentiels n’a vraisemblablement  ressenti la nécessité de développer chez lui ce « bon » leadership. Ceux-là n’ont jamais su comment communiquer, développer un certain sens de l’empathie, pourtant primordial pour comprendre les attentes du peuple. Ils n’ont jamais eu à affronter des opinions contraires, construire des coalitions autour de visions communes, ce qui débouche aujourd’hui sur un leadership catastrophique.

2. Culte de la personnalité

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Notre histoire d’amour avec le concept du leader, ezza3im, prend ses racines dans les pas d’Hannibal, pour certains, du prophète Mohamed, pour d’autres ; elle a ressurgi avec la chute des empires ottoman et britannique, par la volonté de Gamal Abdel Nasser et Habib Bourguiba, qui ont grandement participé à l’unification des tribus de leur pays contre le pouvoir colonial. Pour les Tunisiens, Bourguiba reste très lié à la transformation moderniste et révolutionnaire du pays ; il demeure adoré comme « le plus grand des guerriers » (Almoujahid al Akbar), sans la bienveillance duquel toutes les transformations passées n’auraient pas pu voir le jour.

La propagation de cette idée d’ezza3im répond, à mon avis, à trois facteurs. Premièrement, après 2011, le traitement du fait politique, dans les médias, est devenu de plus en plus « personnalisé » et « sponsorisé », présentant les opinions de nos dirigeants comme émanant d’individus et non d’une idéologie ou réflexion  collective. De même, l’absence d’arguments politiques solides, fondés sur des principes idéologiques non moins robustes, a poussé les médias et le public à faire du politique une « vedette » de télévision.

Ce qui, deuxièmement, ajouté à l’absence de système multipartite, a également conduit à une atmosphère de « one-man-show » en politique, tout homme politique recherchant une attention supplémentaire devant travailler dur pour tenir la concurrence à distance.

Le troisième facteur qui alimente l’ezza3im est relativement nouveau en politique, puisqu’il s’agit de l’utilisation accrue des réseaux sociaux. L’interaction entre les leaders et leurs « adeptes », sur ces médias digitaux, crée ce que les psychologues et sociologues appellent des « interactions parasociales », où le citoyen s’extasie devant l’image héroïque du leader, comme s’il était un personnage d’Hollywood ou de jeu vidéo. Interactions qui ont malheureusement permis de passer d’une politique des idées à une politique de la présence, conduisant ainsi à l’admiration d’un personnage leader, ou ezza3im.

3. La grandeur et le droit

Troisièmement, et probablement la maladie la plus incurable dans ce pays, l’illusion de grandeur et de droit. Beaucoup de nos dirigeants, passés et présents, ont trébuché sur la fine ligne existant entre confiance excessive et ego gonflé à bloc. Problème : les gouvernants narcissiques sont généralement à la recherche de l’argent ou du pouvoir, voire des deux, et ne s’intéressent pas au bien-être des gens qu’ils sont censés représenter.

Notre courte histoire en tant que nation nous a montré que les politiciens exercent beaucoup plus de pouvoir et de contrôle que le citoyen moyen. Le pouvoir qu’ils acquièrent par le biais de positions politiques leur donne toutes sortes d’occasions (manifestement contraires à l’éthique et parfois illégales) d’augmenter considérablement leur capital financier et leurs biens par le biais de transactions contraires à l’éthique. Pour beaucoup d’entre eux (et ici, comme ailleurs, je résisterai à la tentation de citer des noms) leur appétit pour les richesses matérielles peut être insatiable.

Autre trait commun chez les dirigeants politiques : la déconnexion du monde réel, qui les pousse à croire qu’ils ont toujours plus de droits. Il n’est donc pas surprenant que tant de politiciens pensent en quelque sorte qu’ils « méritent » de changer le système en leur faveur. Après tout, de leur point de vue égoïste, n’est-ce pas à cela que sert le système ?

Nouveau contrat social

Il reste encore beaucoup de travail à effectuer avant de pouvoir assister à l’émergence du leadership dont nous avons besoin dans ce nouvel environnement. La Tunisie n’est pas une île isolée. Nous appartenons à un monde interconnecté et en évolution rapide. La mondialisation bat son plein. Nous vivons dans un monde qui n’a jamais été aussi proche et, dans le même temps, aussi divisé. Diriger une nation exige de nouvelles compétences jamais vues auparavant. Les générations actuelles et futures représentent de nouveaux défis pour tous les systèmes classiques. Ils sont dotés de technologies de communication qui facilitent la détection de l’incompétence, du manque de transparence et de la gouvernance. Ces changements ont remodelé la perception qu’ont les citoyens de ce qu’ils doivent à leurs dirigeants et de ce à quoi ils peuvent s’attendre en retour.

La relation entre les dirigeants politiques tunisiens et les citoyens a évolué vers la nécessité d’un nouveau contrat social. L’évolution du paradigme socio-économique s’est accompagnée de nouvelles caractéristiques et exigences en matière de réussite du leadership. Malheureusement, les élus et membres des partis politiques semblent avoir raté ce mouvement de bascule, ou l’avoir simplement ignoré. Le problème, c’est qu’un leader qui n’a pas passé suffisamment de temps au sein des différents segments de la société, qui n’a pas partagé sa douleur, ses hauts et ses bas et ses rêves, ne peut être un bon représentant.

Les 3 facteurs mentionnés ci-dessus constituent des obstacles qui empêchent le leader d’être en connexion avec les masses. Nos dirigeants politiques n’ont aucune empathie. L’empathie vient du contact et de la diversité. Beaucoup y voient une faiblesse, mais ils ne pourraient pas se tromper davantage. C’est par l’empathie que vous développez une excellente capacité d’écoute. C’est par l’empathie que vous comprenez le sens de la dignité. C’est par l’empathie que vous ressentez les injustices quotidiennes. Et c’est par l’empathie que vous pouvez devenir un grand communiquant.

Je me souviens d’avoir recommandé à plusieurs chefs de parti d’aller passer quelques jours avec les masses et de s’éloigner de leur environnement luxueux et leur zone de confort. Rien n’établit la confiance mieux et plus rapidement que de partager le temps et l’espace, de débattre et de réfléchir avec ceux que vous êtes censés représenter. Car les grands leaders sont des unificateurs, pas des diviseurs. Ils trouvent leur force dans l’unité tout en capitalisant sur la diversité. Nos dirigeants politiques craignent ce qu’ils ne comprennent pas et réfutent ceux qui pensent différemment. Ce que George W. Bush a dit un jour en 2001 prend tout son sens en Tunisie en 2018  : « Si vous n’êtes pas avec nous, alors vous êtes contre nous ».

Leadership collectif

Cette « nouvelle » Tunisie, éminemment complexe, ne peut davantage s’épanouir sous la direction d’une seule personne, quelle que soit sa grandeur. Le concept d’ezza3im n’est plus applicable. Avec la volatilité et la complexité actuelles de notre société et du système politique, ni Bourguiba, ni Gandhi, ni Mandela n’auraient de facilité à diriger ce pays aujourd’hui. Ce dont la Tunisie a besoin, à l’heure actuelle ? De nombreux dirigeants dans tout le pays, dans toutes les régions, dans toutes les villes, mais également dans toutes les écoles, toutes les universités, et toutes les associations. La volonté de changer collectivement doit être la réponse. La complexité du nouveau paysage politique exige un environnement de collaboration, où les forces et l’expertise de plusieurs niveaux de leadership contribuent à la santé et à la croissance de notre pays.

La tâche, comme il convient de le reconnaitre, est ardue. Surtout pour une nation et un peuple comme les nôtres, parce qu’elle exige une plus grande participation et un plus grand engagement de la part de tous les citoyens. Nos compatriotes doivent faire un effort concerté de conscience de soi et se rendre compte que le succès et l’échec de notre nation commencent et se terminent par eux, et non par l’individu ou les individus qui dirigent la nation. Nous ne pouvons plus fermer les yeux, payer des pots-de-vin, vendre des produits subventionnés à l’étranger, frauder nos impôts, ne pas payer nos amendes et nos factures, et nous attendre à ce que nos dirigeants brandissent la baguette magique et deviennent de super héros. Le leadership collectif signifie aussi que les citoyens respectent les principes fondamentaux de la démocratie – le vote. Le leadership collaboratif mène à un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

La nouvelle conception du leadership collectif commence inévitablement par l’engagement d’un pays à favoriser une collaboration fructueuse à la maison, à l’école et dans le milieu professionnel. Seul moyen d’inciter les gens à travailler main dans la main vers une vision commune. Ce qui ne se fera pas en un claquement de doigt : ce projet de leadership concerté prendra des années à s’instiller dans l’esprit collectif. Mais ne pas investir dedans dès à présent serait une autre erreur (collective), dont le prix à payer pourrait être insurmontable.

 

Lotfi Saibi

Le danger caché dont nous ne parlons pas

La confiance des citoyens dans le gouvernement constitue le fondement d’une bonne gouvernance et d’une politique efficace. Cela est particulièrement vrai dans le contexte actuel de crise politique et sociale, où les reformes structurelles impliquent des choix difficiles et ou la confiance des citoyens est essentielle pour favoriser le développement économique et social. Le lobbying, étant partie prenante de la vie publique dans tous les pays, fournit des informations et des opinions utiles aux représentants politiques et aux hauts fonctionnaires publics. Il ne s’agit donc pas d’une activité moralement discutable, mais d’un élément important du débat démocratique et du processus de prise de décision. Pourtant, le lobbying est souvent perçu comme une activité injuste, manquant d’intégrité, à l’origine d’influences indues, un moyen d’instaurer une concurrence déloyale au détriment d’une élaboration de politiques équitables, impartiales et efficaces.

Tunisian members of parliament Imed DaimCe que nous avons constaté hier à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) par certain(e)s députés, représentant(e)s des partis politiques et certaines institutions, n’est rien d’autre que du chantage criminel. Certain(e)s ont même déclaré avoir été menacé(e)s par des violences et agression physique, d’autres par la publication de photos et enregistrements vocaux privées, alors qu’à certain(e)s d’autres, ont a promis(e)s des promotions et des poste « de prestige ».

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Ces pratiques sont loin d’être liées à que ce qui peut définir des lobbyings. Ces pratiques font parti d’un arsenal mafieux.

Ce qui s’est passé hier à l’ARP s’annonce gravement dangereux, si aucun effort ne s’oppose à sa continuité. Après un certain recul, que nous pensions avoir gagné ou perdu hier, souvenons-nous tous que les menaces et les chantages illégaux font partie des pires actions antidémocratiques. Cette situation nuit en définitive aux groupes de citoyens non représentés dans la mesure où elle n’admet pas de compromis en examinant des solutions bénéfiques pour tous. Au moment où un député cède à ces pressions destructives, il coupera tous les liens avec sa circonscription électorale et trahira la confiance qui lui a été accordée. tunisia

I STILL HAVE TO WONDER “WHERE IS NAJIM?”

LES COMPLICES ASSASSINS

A chaque président Américain ayant gouverné depuis 1967, à chaque membre de la F170523YS043-e1496076641996-640x400chambre des représentants des États-Unis, à chaque président ou ambassadeur de l’Organisation des Nations Unies qui ont voté contre la déclaration d’un état Palestinien indépendant, à chaque dirigeant politique qui s’est contenté de regarder les maîtres de l’apartheid instaurer leurs lois et qui s’est aussi contenté de regarder les violations du droit international humanitaire commises par un état Israelien hors la loi ainsi qu’un groupe de criminels à Tel-Aviv entraînant le carnage et la destruction de générations de peuples innocents, à chaque leader Arabe politique ou religieux, à chaque artiste ou activiste social qui a financé  des actes criminels contre des innocents, votre jour viendra !

Rassurez-vous ! Ce jour viendra à vous, pareillement à ceux qui vous ont précédés.

Je sais que vous avez du mal à dormir mais que vous ne l’admettez jamais. Je sais que vous craignez ce qui pourrait vous arriver dans une vie ultérieure, et je sais que vous êtes loin d’être en paix avec vous-même en regardant des enfants innocents et des personnes âgées massacrées, à cause de vous-même : parce que vous n’avez pas pu résister à cette invincible tentation de l’argent et du pouvoir. Je sais que vous vous sentez coupable parce que vos mains sont encore tachées de sang et qu’aucun pouvoir dans ce monde ne peut être réellement capable de vous blanchir.
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Vous ne cessez de nous parlez de valeurs, mais cela ne s’applique qu’à votre peuple. Vous continuez de nous parlez des droits de l’Homme, mais c’est seulement quand cela sert vos intérêts nationaux. Vous cherchez à imposer des démocraties dans le monde mais c’est seulement quand vous êtes menacés. Vous nous parlez de l’immigration, mais c’est seulement quand vous craignez ceux qui sont différents de vous. Vous défendez la paix dans le monde, mais c’est seulement quand vous n’avez aucun intérêt économique en vue. Vous combattez les dictatures, mais c’est seulement quand vous sélectionnez ceux qui sont en désaccord avec vos philosophies et ceux qui revendiquent leur autonomie de pouvoir légitime. Vous dénoncez les criminels et les terroristes, mais seulement quand ils ne sont pas financés par vos organismes. Vous êtes révoltés contre les conditions immorales et inhumaines, mais c’est seulement en vous positionnant en tant qu’uniques juges autorisés.

Le monde, tel qu’il est aujourd’hui, évolue et ne peut plus continuer à être leurré par votre hypocrisie. L’histoire humaine a témoigné de l’effondrement des empires qui ont choisi d’écarté les valeurs fondamentales comme la justice, l’équité et l’amour.

Rappelez-vous le dicton du politicien britannique du 19ème siècle, Lord Acton “Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument”. Souvenez-vous des anciens empereurs romains qui se sont déclarés des dieux. Souvenez-vous de Napoléon Bonaparte qui s’est déclaré un jour empereur. Ils sont tous morts assassinés, empoisonnés, exécutés, ou en exil.

La Tunisie – Une communauté en déclin qui doit se transformer

Nous devons comprendre que c’est le changement politique qui provient du changement des conditions sociales, et pas l’inverse. En ce sens, il faut une RÉVOLUTION SOCIALE : un changement de la façon dont nous pensons de nous-mêmes et des autres, ainsi que la façon avec laquelle nous agissons les uns envers les autres. Les Tunisiens doivent commencer à penser en « communauté » et non en « individus». Si nous perdons la foi dans le sens de la « communauté » et continuons sur le chemin de « intérêts individuels », notre communauté, qui est la Tunisie, va finir par disparaître.jet2-2
Nos valeurs sont nos outils sociaux pour nous orienter dans la vie, ce sont les peuples qui les inventent, ce n’est ni la nature, ni Dieu. On les élimine si elles ne servent pas à nos besoins. On doit, par conséquent, éliminer tous les outils qu’on a hérité des 6 dernières décennies, et adopter de nouvelles valeurs, propices à une société en quête de grandeur. On a besoin de véritables réformes révolutionnaires dans la façon avec laquelle on se
comporte au travail, à la maison, à l’école, dans la rue, et avec soi-même.
Lorsque nous nous comportons de façon civilisée les uns envers les autres, nous aurons plus besoin d’une autorité qui contrôle nos moindres faits et gestes. Lorsque nous bâtissons nos propres communautés et s’entraidons à les préserver, nous réduirons à néant l’hégémonie du gouvernement. Lorsque nous éduquons nos enfants à la maison selon ces valeurs et ne comptons plus sur de vieux systèmes éducatifs gérés par des politiciens de l’ancienne école, nous sèmerons la peur dans ces esprits avides de pouvoir et de contrôle. Lorsque nous nous respectons les uns les autres dans les lieux publics, sur la route et sur nos plages, nous serons fidèles à l’image que le monde garde de notre peuple. Lorsque nous respectons les opinions des autres, leur droit d’expression et de parole, leur religion, à ce moment nous aurions honoré la Tunisie.

 

L’entrepreneuriat criminel dans toute sa splendeur: Assassinat de Med Zouari – Cas d’étude

Encore une fois, la main de la terreur transgresse nos frontières pour ôter la vie à un autre Tunisien, sur le sol de son pays. Il y a une semaine, la Tunisie était secouée par l’assassinat lâche de feu Mohammed Zouari, deux jours plus tard des bribes d’informations fusaient quant à une implication israélienne dans l’affaire. strategic-thinking

Je ne m’attarderai pas sur une analyse politique de cet acte criminel, des dizaines d’intervenants sur les plateaux TV ont épluché cet aspect en long et en large. Ce qui m’a intrigué, c’est plutôt l’organisation de l’entreprise criminelle qui s’est chargé de cette opération.

Si l’on croit la version des événements présentée par le ministère tunisien de l’Intérieur, l’assassinat  de Mohamed Zouari serait  un cas d’étude exemplaire de stratégie entrepreneurial, qui devrait  être sérieusement analysé par les professionnels de l’étude stratégique et conservé dans leurs annales.

L’opération a commencé au moins en juin 2016, c’est à ce moment-là que les premiers contacts ont eu lieu. Nous pouvons très bien assumer que la conceptualisation réelle du projet ait commencé des mois auparavant. A partir de juin 2016, nous appellerons cela la phase de “pré-lancement”, l’objectif était clair, la cible était identifiée et localisé, et la stratégie était en place. Les seules pièces qui manquaient à l’échiquier étaient la logistique et les “pions” qui seraient chargés de l’exécution.

A ce stade, tous les paramètres de succès étaient implémentés pour garantir la réussite  d’un “business” fleurissant; c’est une leçon de “maître” non seulement pour les futurs entrepreneurs mais aussi pour  les enseignants des écoles de commerce. La  précision, la détermination,  l’étude méticuleuse des détails, la patience et surtout le choix du timing, tout était de mise pour garantir le succès du plan.

Voici les principaux points d’enseignement:

  1. Le niveau de détail, la préparation, l’anticipation, et l’étude méthodique marqués dans la planification de cette action étaient simplement d’un professionnalisme extrême. Comme dans tout projet entrepreneurial, la planification et la logistique sont essentielles: tous les détails de l’opération ont été examinés avant le passage à l’action. devil
  2. Le recrutement des candidats était exemplaire: les donneurs d’ordre de l’opération connaissaient très bien le marché tunisien: ils savaient que la majorité des jeunes tunisiens rêvait de quitter le pays et qu’un bon  chèque de paie en prime serait une motivation considérable. La sélection et le recrutement des bonnes personnes avec le bon profile, l’expérience adéquate et la passion sont essentiels, (la jeune femme qui s’est déplacée à Vienne pour l’entrevue en est un exemple). Le moment, le lieu et les interlocuteurs de la première rencontre ont apporté la preuve au candidat potentiel qu’il intégrait une opération de première classe: d’abord Budapest, puis Vienne; une 1ère entrevue avec le directeur des ressources humaines (le contact européen), puis le PDG (européen d’origine arabe, probablement israélien maîtrisant l’arabe).
  3. Comme pour tout entrepreneur expérimenté, lorsqu’on procède à une analyse SWOT, on doit accorder une attention particulière aux risques émanant de forces extérieures ou invisibles. Cette considération importante a conduit au recrutement d’un deuxième groupe, les 2 tunisiens vivant à l’étranger, qui ont passé par des phases identiques et exécuté des instructions similaires à celles imposées à la 1ère équipe (la dame de Zaghouan).
  4. Les deux groupes de recrues, qui sont demeurés anonymes les uns aux autres, ont reçu un petit nombre de tests initiaux pour mesurer leur niveau d’engagement et de dévouement, leur niveau d’application des instructions simples ainsi que leur ponctualité d’exécution.( La jeune femme de Zaghouan a reçu l’ordre d’assister aux conférences auxquelles Mohamed Zouari était présent. Elle a gagné sa confiance, et lui a demandé plus tard de filmer une interview).
  5. Comme dans toute entreprise, les jeunes employés qui cherchent à s’établir comme des ressources fiables, renoncent souvent à leurs valeurs et exécutent les directives de la direction aveuglément. Je crois que c’est ce facteur qui a amené la jeune fille à ne pas réfléchir à deux fois quant au bien fondé que de parfaits inconnus (2 jeunes hommes) lui louent la voiture et la lui livrent à Sfax, et c’est pour cette même raison qu’elle n’a pas cligné des yeux quand on lui a demandé de laisser la voiture dans une région éloignée avec les clés à proximité. Et pourtant, ce genre d’instructions obligerait  toute personne «consciencieuse» à s’arrêter une seconde pour réfléchir, mais la conscience et les valeurs ont un prix, et les recruteurs le savaient bien.

C’était certainement un événement très malheureux et une horreur pour une nation qui continue d’être manipulée aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Il ya une multitude de leçons à assimiler, qu’il s’agisse de préparation, de tactique, de travail d’équipe, de patience, d’exécution,  d’évaluation de risques ou même de set de valeurs communes; nous avons  beaucoup à apprendre et à améliorer.

 

Une Nation Traumatisée

«La Tunisie n’est pas en sécurité”; “la prochaine attaque terroriste achèvera l’état Tunisien”: C’étaient les déclarations du président Béji Caïd Essebsi tout en annonçant l’état d’urgence. “Le président a délivré ces messages en guise de thérapie de choc pour la nation” ceci était l’explication donnée par Moez Sinaoui, le conseiller présidentiel en communication.

Mais est-ce que notre président, et son staff de communication, avaient bien calculé les effets psychologiques de ces déclarations sur chaque citoyen tunisien qui les a entendu? Je pose cette question parce que ce qui a été dit, compte tenu du message et de son dispensateur, était très dangereux et pourrait affecter le quotidien de tout un peuple, en ayant des réactions opposées à celles prévues. Ce discours a été marqué par deux caractéristiques qu’on ne peut ignorer: une communication appuyée sur les directives et des propos alarmistes, conduisant à des changements de comportement involontaires. Mon attention porte, pour le moment, sur la deuxième caractéristique, car la première nécessitera beaucoup plus d’encre.

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Ce n’est un secret pour personne: la plus grande préoccupation de tout tunisien, quelle que soient sa classe sociale ou son orientation politique, n’est autre que la menace, chacun d’entre nous est effrayé à l’idée de se réveiller sur les nouvelles d’une autre attaque qui fera couler plus de sang. Nous passons notre temps à nous poser cette question dans l’espoir d’une réponse: Comment un pays comme la Tunisie, à l’histoire si pacifique, qui n’a jamais eu affaire à la violence et qui est si léthargique face au changement, pourra affronter  ce que nous avons toujours pensé être un phénomène étranger lié au pétrole et à l’extrémisme religieux.

En tant qu’êtres humains, nous développons des instincts  survie et des mécanismes de défense pour nous protéger de tout ce qui menace nos vies ou notre façon de vivre.

Après le 9/11, des chercheurs de Harvard et d’Oxford, ont inventé le terme «Saillance de Mortalité» comme étant la façon avec laquelle les gens s’adaptent aux menaces terroristes et à la surexposition à des pensées ou des images liées à la mort. Il a été démontré que les images relayées par les médias lors de  la couverture des actes  terroristes, produisent un effet de saillance de mortalité.

Dans les deux dernières années, les attaques terroristes en Tunisie se sont intensifiées remarquablement, entrainant ainsi une augmentation accrue du nombre de victimes, et la potentialisation de l’exposition quotidienne aux images de violence, aux  menaces, et maintenant à l’état d’urgence. La plupart des Tunisiens ont réagi comme toutes les nations dont la vie et le modèle de société sont menacés, avec  de la colère, de l’incertitude et un sentiment d’impuissance, qui viennent s’ajouter à une montée du patriotisme et d’un appel à l’unité nationale. Cela est tout ce qu’il y a de plus naturel, car sous l’effet de saillance de mortalité, on est plus fiers et on s’identifie plus à son pays, à sa religion, à son  sexe, à sa race, etc……

Ceci n’empêche que la saillance de mortalité peut conduire à une potentialisation du soutien à l’extrémisme quand celui-ci est lié à l’identité du groupe. Les exemples récents de jeunes tunisiens exprimant leur sympathie et leur soutien aux auteurs des attentats de Sousse ou du Bardo, sont le résultat de la saillance  de mortalité, en plus de la surexposition aux nouvelles et images de terrorisme dans les médias. Les recherches ont démontré que la saillance  de mortalité induit des réactions brutales envers ceux qui sont perçus comme enfreindre les règles ou ceux qui ne se conforment pas aux standards d’une communauté donnée.

Ainsi, la saillance de mortalité créé par la couverture médiatique du terrorisme peut potentialiser la sympathie et le soutien pour le gouvernement, tout en haussant le degré d’hostilité envers les ennemis supposés du pays; mais en même temps elle peut faire proliférer, chez certains, la sympathie  “cachée” envers les terroristes, en leur fournissant de futures recrues faciles.

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Bien que les populations aient tendance à bien gérer les menaces terroristes en cours, la couverture médiatique est souvent un facteur de déstabilisation qui s’ajoute à la sauce. L’attention des médias amplifie à la fois la fréquence et la sévérité des attaques terroristes, laissant planer une croyance que la situation est pire que ce qu’elle est réellement: c’est exactement ce que nous avons vécu depuis les attentats du Bardo et de Sousse.

La couverture médiatique intense, et parfois irresponsable,  peut avoir une certaine incidence préjudiciable sur des adultes ou des enfants fragiles, qui sont exposés à des problèmes psychologiques graves suite à une longue exposition aux images de terreurs. Les enfants ont souvent du mal à dormir, souffrent de cauchemars, de problèmes d’anxiété ou de dépression. Les adultes souffrent de stress au travail et dans leurs relations quotidiennes, conduisant à une baisse de productivité et une hostilité accrue.

Aujourd’hui en Tunisie, une formation en communication,  en journalisme responsable, et en gestion de crise pour les responsables politiques et tous ceux qui s’invitent chez nous, dans nos salons et nos voitures; est devenue  une nécessité et non un luxe.

TUNISIA – A COUNTRY PSYCHOLOGICALLY TRAUMATIZED

“Tunisia is not safe” and “the next terrorist attack and our country will be finished”. These were statements by President Beji Caid Essebsi while announcing a state of emergency. The president was sending a “shock therapy” message to the nation was the explanation given by Moez Sinaoui, his top communications adviser.

What psychological effects did these statements by the commander and chief have on us Tunisian citizens? I ask this question because what was said , considering the message and the deliverer,  was very dangerous not only on the psyche of a fragile nation but also on its ability to defend itself.

In those spoken words were two strong messages that cannot be disregarded: a dictating style of communications long thought gone, and fear mongering. My focus for the moment is the latter, as the first one requires much more ink and time.

Ask any Tunisian today about his biggest concern and you will find that it is fear, and more specifically of terrorism. Tunisians up and down the socioeconomic ladder and of all political affiliations are exposed every awaken moment to news of terrorism threats, more attacks, and death related to terrorism. How should a nation like Tunisia, passive in its ways, unprepared for violence, and lethargic in implementing change, deal with what always was thought a foreign phenomenon related to oil, religion, and country grabbing.

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Exposure to violence, terrorism threats, insecurity have major negative psychological repercussions on a nation discovering what it means to be unsafe for the first time.

Are we aware of short and long terms effects of such media exposure? Do our journalists understand at which point their reports contribute to the mental health of a nation? Are media aware of the psychological dangers and social and class divisions as a result of uneven reports?

Researchers at Harvard and Oxford Universities, dealing with psychological syndromes post 9/11 and 7/7 terrorist attacks coined the term “mortality Salience” as the way with which people adapt to terrorist threats and overexposure to death-related thoughts or imagery. The images of death, dying and killing, which are inherent in most media coverage of terrorism, produce a mortality salience effect.

In the last two years, terrorist attacks in Tunisia have increased, and with them the number of casualties and daily exposure to violence, violence imagery, threats, and now state of emergencies. Most Tunisians have reacted like any others whose lives and model of society is being threatened, with anger, uncertainty, and helplessness, but also an increase in nationalism, patriotism and a call for unity. This is natural as Mortality salience can lead to an increase in identification with and pride in one’s country, religion, gender, race, etc.

Remarkably, mortality salience can lead to an increase in support for extremism when it is linked to group identity. Two recent examples of young Tunisians expressing sympathy and support for the Sousse or Bardo killers are the result of mortality salience and over exposure to terrorism in media. Also, individuals experience exaggerated tendencies to stereotype and reject those who are different from themselves. Research has demonstrated that mortality salience produces especially harsh reactions to those who are seen to be breaking the rules.

Thus, the mortality salience created by the coverage of terrorism can be expected to lead to an increase in sympathy and support for the government, thus, an increased hostility toward the country’s perceived enemies; while at the same time to augmented “hidden” sympathy to the terrorists themselves, providing them with easy future recruits.

While populations tend to cope fairly well with ongoing terrorist threats, media coverage often adds a destabilizing factor to the mix. Media attention certainly fosters a widespread belief that terrorist attacks are both more common and more dangerous than is actually the case, a case we have experienced after the Bardo and Sousse attacks.

Intense, and sometimes irresponsible, media coverage by itself can have some damaging impact with some adults and children appearing to suffer serious psychological problems as a result of long exposure to media coverage of terrorist attacks. Children often had trouble sleeping, suffer from nightmares, anxiety problems or depression. Adults can become stressed at work and in daily relationships, leading to decreased productivity at work, and increased hostility.

I am more than certain that communications training, responsible journalism, empathy and crisis management is a necessity not a luxury today in Tunisia and should be considered in any public or private institution’s strategy in dealing with this new chapter that is sadly not going away any time soon.