QUOI FAIRE POUR LES DIX PROCHAINES ANNÉES 2021 – 2031

LE LEADERSHIP ET LA GOUVERNANCE « La jeunesse tunisienne doit refuser les discours creux de « l’inclusion des jeunes »

La pandémie Covid 19, en plus de la mauvaise gestion des affaires de l’Etat étalées sur une période de 10 ans, sont indéniablement deux periodes sans précédent pour la Tunisie qui ont eu des répercussions majeures socio-économiques. Ces 2 crises représentent une opportunité pour sonder la volonté et la capacité d’une jeunesse déterminée à travailler, à innover, à collaborer et aider à ralentir les effets dévastateurs sur des secteurs vitaux comme le tourisme, l’éducation, l’agriculture et le système de santé. La rapidité avec laquelle notre pays est capable de développer une résilience, une agilité et une adaptabilité à ces « désastres », dépend de la contribution de nos jeunes au changement et à l’innovation pour trouver des solutions durables au-delà de la technologie, en exerçant le même enthousiasme et la même philosophie adoptés lors de la transformation numérique pour une transformation sociale et politique.

La propagation de la pandémie, a obligé le gouvernement à revoir ses priorités et mettre en veille ses programmes de développement pour faire face aux urgences sanitaires et économiques imposées par la crise. Le taux de chômage a atteint les 35% dans certaines régions du pays avec une accentuation des inégalités existantes, la détérioration de la qualité de vie et un taux de pauvreté galopant, ont entrainé une amplification des troubles sociaux et une exacerbation de la détresse de beaucoup jeunes qui choisissent d’aller chercher le rêve sur l’autre rive de la Méditerranée que de se projeter dans leur propre pays.

COVID-19 et 10 ans de TRANSITION DEMOCRATIQUE, un mal pour un bien?

Au cours des dernières années, alors que l’économie tunisienne peinait à absorber les milliers d’étudiants diplômés dans son giron, beaucoup se sont tournés vers l’entrepreneuriat pour innover et naviguer dans l’incertitude et la complexité de la vie après la révolution. Ils ont placé la Tunisie dans le débat de l’entrepreneuriat mondial et ont dessiné de nouvelles perspectives d’espoir pour plein de jeunes. De nouvelles technologies et de nouveaux outils pour contrer la propagation rapide du covid 19 ont été mis au point par des jeunes tunisiens ont contribué largement à aider l’Etat et les entreprises privées à surmonter la crise. Nous avons vu des robots qui circulaient dans les rues pour rappeler aux citoyens de porter des masques, de nouvelles technologies aidant le personnel de santé à identifier les sources de contamination virale et des applications de suivi des voyageurs dont le test était positif à leur arrivée dans le pays, pour n’en citer que quelques-unes. COVID 19 a, malgré tout, été une chance pour les jeunes tunisiens. Il a servi à élever leur engagement pour le changement au-delà de la pandémie et de renforcer leur participation à l’élaboration des réponses sociales et politiques de l’avenir. Les temps de défis extrêmes et d’incertitude ont historiquement produit des changements radicaux et irréversibles dans la dynamique du leadership et du pouvoir en améliorant la gouvernance des institutions et des sociétés. Pour les jeunes tunisiens, leur inclusion au leadership ne doit pas rester à la merci des invitations que le pouvoir en place veuille bien leur adresser. Ils devront exiger des changements et, dans certains cas, imposer vigoureusement une bonne gouvernance par la détermination, l’organisation, le leadership et la persévérance. Si les jeunes de mon pays veulent saisir les opportunités de leadership dans la transformation sociale et politique, ils devront reconnaître l’importance de la gouvernance dans la bonne gestion des affaires sociales et politiques. Ils doivent comprendre que la gouvernance est au cœur de l’allocation et de la distribution des ressources, avec des implications importantes pour la stabilité sociale et politique. COVID 19 nous a frappé à un moment où une grande partie de notre infrastructure de soins de santé était délabrée, sous-financée et mal gérée. Par conséquent, bon nombre des services de santé étaient médiocres et ce, même au tout début de la pandémie. Aujourd’hui, nous assistons à une propagation rapide du virus parmi les communautés pauvres, et cela en dépit des centaines de millions de dinars collectés grâce à des contributions caritatives, mais qui restent sous-exploités et mal gérés à cause d’une bureaucratie asphyxiante et d’un manque de planification et de gouvernance. J’appelle nos jeunes à être attentifs à ces défis de gouvernance, à se lever et à se mobiliser pour optimiser la gestion de nos ressources. J’appelle nos jeunes à combler le gouffre entre nos dirigeants politiques et les citoyens. J’appelle nos jeunes à travailler avec la même vigueur et la même persévérance pour instaurer une gouvernance sociale et politique de la même manière qu’ils se sont mobilisés pour innover et collaborer lors de la première vague de Covid 19. J’appelle nos jeunes à voir les avantages à long terme pour reconstruire le tissu social et politique qui reflète la valeur travail, comme ils le feraient en participant à leurs projets personnels. L’engagement des jeunes doit aller au-delà de l’entrepreneuriat social et de la société civile, et ne doit pas se limiter à des initiatives individuelles ou lucratives. La jeunesse tunisienne doit refuser les discours creux de « l’inclusion des jeunes » prononcés par des élites politiques rouillées, et saisir l’opportunité pour intensifier son engagement à la transformation sociale au même titre que la transformation numérique. Je suis persuadé que les efforts des jeunes en Tunisie en matière d’entrepreneuriat ne seront durables que s’ils sont accompagnés d’un engagement réel dans les sphères sociales et politiques où ils auront la possibilité de transformer directement les habitudes et les dynamiques à travers une bonne gouvernance et un leadership efficace. Lotfi Saibi

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